Architecture remarquable

Kengo Kuma fait carrière à Vals

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Par Lionel Blaisse, le 7 octobre 2024.
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© naaro

L’architecte japonais signe Haus Balma, le siège social de l’entreprise familiale Truffer, qui exploite depuis 1983 une des carrières de quartzite du petit village des Grisons, célèbre pour ses thermes recréés par Peter Zumthor.

Passionnés d’architecture et de design, Pia et Pius Truffer ont donné carte blanche à Kengo Kuma dès lors qu’il œuvrerait à valoriser leur grisante pierre de Vals en en révélant tout le potentiel innovant tant technologique qu’architectonique. Autant affirmer de suite que la réalisation concourt à la consécration de ce bourg d’à peine un millier d’âmes comme lieu de pèlerinage incontournable de l’architecture contemporaine !

Une collection int(h)erminable ?

Cette vallée très encaissée des Grisons est née de la force de l’eau. Excavée depuis plusieurs siècles, sa roche siliceuse aux reflets bleutés ou verdâtres fournit les lauzes de la quasi-totalité des toitures de la région ainsi que les pierres constituant les murets et ouvrages de confortement. L’exploitation de son eau à 30° C y est bien plus récente. Ce n’est qu’au début des années 1960 que des investisseurs allemands entreprennent de construire plusieurs hôtels et un complexe thermal sans grand intérêt architectural qui font faillite vingt ans plus tard.

La municipalité ayant fini par racheter les thermes et un des hôtels, elle sollicite l’architecte Peter Zumthor dont l’agence d’Haldenstein se situe à 55 kilomètres de leur commune. Étant dans son aire naturelle où il exerce surtout sur des édifices historiques, le futur Pritzker Prize accepte. Après trois ans d’études, il livre en 1996 l’œuvre qui va le propulser dans tous les médias !

Mais c’est à une autre star montante de l’architecture que le couple de carriers va confier la conception de leur futur siège social. C’est à l’occasion d’une foire sur la pierre à Pékin que Pia Truffer et son fils aîné Sokrates découvrent en 2011 le travail de Kengo Kuma au sein de l’hôtel Opposite House où ils séjournent.

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    Truffer AG

    Balma 168E7132 Vals – Suisse

    Tél. : +41 81 935 16 42

    www.truffer.ch

    Kengo Kuma and Associates

    Cité du Figuier

    104, rue Oberkampf

    75011 Paris

    Tél. : +33 (0)1 44 88 94 90

    www.kkaa.co.jp

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 56
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    Originaire de Beyrouth, Lina Ghotmeh pratique son métier d’architecte depuis Paris. Mais sa carrière menée à l’international dissémine ses architectures bien au-delà de l’Hexagone et de son pays natal. Après l’Estonie, Londres, c’est l’Arabie Saoudite, où elle s’apprête à construire le futur musée d’art contemporain d’Al-Ula. Vous avez vécu vingt-trois ans à Beyrouth jusqu’à l’obtention en 2003 de votre diplôme d’architecte à l’université américaine locale. En quoi la capitale libanaise a-t-elle modelé votre envie d’architecture ? Grandir à Beyrouth, c’est grandir dans une ville plaie ouverte une ville en guerre. Après guerre, Beyrouth était déchiré, son bâti en ruine, ses quartiers en coupe. Dans ses rues, la matière se faisait intense, la nature organique et la lumière luxuriante. Au travers de la nature, du grand bleu de la Méditerranée, la beauté persistait dans cette ville, malgré toute la violence humaine qui a criblé sa peau. À Beyrouth, lorsqu’on touche au sol, on découvre de multiples histoires, archéologies enfouies incitant à parler de terre, de vie et d’humains. J’ai désiré l’architecture via et pour Beyrouth, comme un acte de réconciliation, comme une façon de nous retrouver ensemble, enchantés par notre diversité et enrichis par nos différences. C’est au travers de mon vécu beyrouthin que j’ai construit ma méthodologie de conception : « l’archéologie du futur ». Cette ville, qui se dessine comme une archéologie ouverte, est un palimpseste d’histoires et de récits multiples, des Phéniciens aux Ottomans. Beyrouth nous surprend toujours avec sa capacité de troisième lieu, d’espaces inattendus, de ceux qui ouvrent notre imaginaire à ceux qui inspirent de nouvelles façons de vivre. Les projets de mon atelier sont nés de cette archéologie, en déterrant le passé pour créer l’avenir. Vous avez fait vos premières armes aux Ateliers Jean Nouvel à Paris, puis à Londres chez Norman Foster. En 2006, vous répondez en équipe avec Dan Dorel et Tsuyoshi Tane au concours international ouvert pour le futur Musée national d’Estonie à Tartu que vous remportez. L’agence DGT1 qui en naîtra sera bientôt lauréate des Albums des jeunes architectes et des paysagistes (2007-2008). Le bâtiment de 36 000 m2 se développe sur la piste d’atterrissage d’une ancienne base aérienne soviétique. Comment avez-vous dépassé la charge symbolique du site pour imaginer cet équipement muséal à fortes connotations patriotiques ? Se retrouver en Estonie, c’était aussi retrouver une part de mon histoire avec ce pays qui a enduré de multiples occupations, a acquis son indépendance après son occupation par l’Union soviétique jusqu’en 1991 et qui œuvre à se reconstruire depuis. Le site du musée cristallisait cette histoire. Implanté à Tartu – capitale culturelle estonienne – sur la piste de la plus vaste base aérienne soviétique des pays Baltes, le musée engageait une responsabilité territoriale. Celle de transformer l’histoire douloureuse de ce site auparavant militaire ; de se rattacher à la nature exceptionnelle du lieu, au climat, et de faire émerger la poésie de ce contexte tout en dialoguant avec les traces du passé. Le bâtiment du musée se rattache alors à la piste d’aviation, il prend son envol depuis l’histoire afin de transformer celle-ci et s’ouvrir
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    Gwenaël Nicolas est un architecte et designer breton qui excelle dans le luxe en concevant des espaces singuliers et pleins d’émotions. Il aime vous faire vivre une expérience hors pair. Une mise en scène, une signature Il y a vingt-cinq ans, Gwenaël Nicolas a fondé son agence pluridisciplinaire, Curiosity, à Tokyo. Sa griffe : anticiper et révolutionner. Il redéfinit sans cesse le renouveau avec ingéniosité (produits, matériaux, identités…). Le design doit être fonctionnel en plus d’être beau. Mais il doit être aussi pensé bien en amont de sa réalisation. L’effet de surprise doit être le résultat de son travail. Avant de concevoir un projet, Gwenaël Nicolas imagine un décor émotionnel qui est le fruit d’un jeu entre les espaces et la lumière. Parmi ses réalisations, on compte des magasins de luxe (Fendi, Vuitton, Dolce & Gabanna…), des collections de mobilier (collection Seido pour Luxury Living…), des hôtels restaurants (Sorano Hotel…). Son art s’exerce dans tous les domaines où le design produits et graphique peuvent prendre naissance. Tout récemment, Curiosity vient de concevoir le nouvel univers de Versace Paris. Versace Paris La maison de mode italienne a fait appel à Curiosity pour son nouveau concept de boutique. L’objectif souhaité était de créer une toile qui exprimerait l’art visionnaire de Versace et son ADN. L’architecte a imaginé un décor avec une scénographie. Le client déambule dans les lieux comme au musée et découvre par séquence les créations. Une série de tableaux de vie est réalisée à partir des différentes collections Versace. Les lieux sont dynamiques et vivants. Les collections saisonnières sont une des cartes qui animent et renouvellent les espaces. La pièce maîtresse des lieux est le plafond de verre créé à partir du motif baroque de Versace. Il est en verre massif et signé du maître verrier Vistosi. Les reflets et réfractions du verre soulignent l’effet de surprise souhaité. Le décor transpose le client dans un espace intemporel d’excellence et plein de magie. Les matériaux sélectionnés sont purs et sobres. On trouve du marbre blanc et gris mais aussi des murs cannelés aux différents motifs. Le tout est une réinterprétation de la résidence de Gianni Versace. La boutique s’étend sur trois niveaux. Un escalier sculptural en marbre et en laiton permet d’y accéder. Différents univers Au rez-de-chaussée, on découvre l’univers des accessoires. Le premier étage est dédié à la femme avec la mode féminine, un salon pour les chaussures et la haute couture. Le sous-sol abrite la mode masculine. L’architecte a souhaité faire dialoguer le classicisme avec l’art abstrait. Pour cette raison, on retrouve des œuvres d’art moderne interprétant la tête de méduse. Versace Paris est une belle réussite qui vient se rajouter à la liste des réalisations exceptionnelles de Curiosity.
    1. I would like some info about LES TERMES DE VALS, where my daughter and myself went a few years ago and loved them,

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