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Urbanisme
Paris, au ban(c) du progrès ?
© Apur — Thomas Sindicas
150 ans après la révolution urbaine énergiquement opérée par le baron Haussmann qui me conforta comme l’une des plus belles villes du monde, suis-je encore désirable ?
Si des préoccupations sécuritaires et sanitaires furent à l’origine de cette chirurgie réparatrice, le préfet de la Seine de Napoléon III sut me transfigurer via un profond lifting. L’urbanité résultant de ce nouvel art de vivre en ville alors offerte aux 1,8 million de Parisiens sera-t-elle toujours à l’œuvre à l’issue du grand charcutage actuel de mon tissu, annoncée pour l’ouverture des Jeux Olympiques portant mon nom ?
Urbanité “Capital”.
Cet article est paru dans le nda #55.
À découvrir
Maison Antoine, séduire tout en douceur
Par Nat Lecuppre, le 23 février 2024
Émilie Rollet vient de concevoir un écrin de gourmandises à Lyon avec les deux boutiques Maison Antoine. Dans ses deux projets, on retrouve son trait de crayon. Ce professeur de yoga et architecte aime imaginer des lieux qui valorisent la configuration du site. Émilie Rollet est fondatrice et directrice de ERŌZ Intérieurs. Pour la boutique du 18, quai Saint-Antoine, l’atmosphère créée est féminine et onirique. Émilie Rollet a su métamorphoser un ancien pressing avec art, finesse et subtilité, en une boulangerie-pâtisserie pleine de douceur et de rondeur. Ces critères qualifient parfaitement son travail. La demande des propriétaires était de concevoir un univers féminin tout en rondeur. C’est de ce point de départ que prend forme le projet. L’agence ERŌZ Intérieurs a eu pour mission l’architecture d’intérieur, la scénographie, le storytelling et la charte graphique. Émilie Rollet utilise le potentiel des lieux en jouant du volume, en conservant les piliers en pierre apparente et les hauteurs. La boulangerie est pensée comme une petite place de village. Tout s’articule autour du pain, des viennoiseries et de la pâtisserie. Plusieurs banques vitrées exposent les produits pour séduire les clients. Dans le concept architectural, tout est pensé en rondeur. Les courbes sont travaillées en vertical et horizontal. Un jeu de reflets répète à l’infini dans des miroirs centraux la suspension Heracleum de Moooi, pièce maîtresse des lieux. La couleur choisie est le rose poudré, qui est également celle de la charte graphique. On trouve des fleurs sous différentes formes qui soulignent l’ambiance poétique. On a des fleurs stabilisées, des papiers peints avec des motifs floraux, et même dans le lustre. Une attention particulière est portée à la sélection des matériaux pour renforcer l’ambiance. Les arches sont en chêne massif, les banques en Neolith©, cuivre et chêne massif, Le cuivre évoque le côté gastronomique, il est dans les détails. Le sol est en béton teinté pailleté de Kerakoll. Les luminaires ont été créés sur mesure en réinterprétant les lampadaires urbains. Cette réalisation clef en main est un franc succès. En entrant dans la boutique, on s’y sent bien et développe l’envie. Tout le monde est unanime. Le Petit Fûté 2023 précise même : « Une maison qui a le charme de l’ancien et surtout le savoir-faire inimitable d’une équipe fantastique. À commencer par le chef pâtissier Nabil Barina, sacré Champion du monde de Tiramisu ! Des tiramisus à goûter absolument, sans manquer toutes les autres merveilles réalisées à partir des meilleurs produits frais, comme ces fruits de saison. À tomber, tout comme les viennoiseries de Juviana Fernandez et les pains fabriqués par Stéphane Digonnet. Gamme snacking dans le même esprit. » Bonne dégustation !
Un nouveau TIP architectural angevin
Par Nat Lecuppre, le 31 mai 2024
La tour TIP est une œuvre architecturale qui marque l’entrée de ville d’Angers et qui la fait entrer dans une ère plus contemporaine. Les promoteurs Open Partners et Atao sont à l’initiative de ce projet. De ses 48 mètres de haut et ses 13 étages, tel un phare, elle devient un repère dans le ciel angevin. Ce projet est signé de l’agence d’architecture Frédéric Rolland & Associés. Un repère dans la ville. À l’entrée du plateau des Capucins, tous les regards sont attirés par l’exosquelette de la tour TIP en béton autonettoyant éco-responsable. Ce dernier lutte contre la pollution par des réactions oxydo-réductrices qui décomposent les polluants. Cette solution permet de réduire de 80 % les oxydes d’azote nocifs pour la santé. La tour semble légère avec cette forme architecturale en dentelle blanche. Pour Jean-Marc Verchère, maire d’Angers, TIP rappelle un arbre en mangrove aux racines entrelacées de lumière. L’ensemble est constitué de trois immeubles avec une résidence services pour étudiants et jeunes actifs, un Hyper Lieu® exploité par Digital Village, comprenant une salle événementielle et un Café du Village, des lieux de vie et de restauration ainsi qu’une résidence d’hébergement pour les jeunes familles, chercheurs et enseignants. Cette dernière dispose de 42 appartements (2 500 m2) et la résidence services de 183 logements (5 000 m2). L’hyper lieu (comprenant l’espace événementiel et le Café) fait 1 500 m2 et sur 900 m2 se répartissent des commerces et un bar-restaurant. Le travail au sein de TIP. L’hyper lieu de TIP est pensé pour favoriser les rencontres, les échanges, la formation et le travail collectif… Cet écosystème permet à chacun de développer ses réseaux professionnels. Le Digital Village est un modèle de coworking dédié au numérique. Tous les occupants, indépendants ou entreprises, ont pour point commun le digital. On trouve dans le même espace toutes les compétences pour former, accompagner l’emploi et aider dans la transformation digitale. Tous les occupants sont tournés vers l’innovation, la recherche et le développement. Ce lieu hybride mixe travail et services. Un espace événementiel dédié à diverses manifestations favorise le lien social. La nature prend place dans ce projet avec une terrasse paysagère sous forme de jardin suspendu (291 m2 + 140 m2 de terrasse). La végétation retenue est celle des maquis hauts occidentaux méditerranéens. Le projet de la tour Tip est novateur. Il a été primé avec le Grand Prix National des Pyramides d’Or.
Rémalard-en-Perche, un cœur plus vert
Par Anne-Marie Fèvre, le 22 novembre 2023
Ce bourg percheron réaménage sa place Charles de Gaulle. Redessinée, sécurisée, aplanie, végétalisée et bientôt embellie, elle regarde au loin le doux paysage de collines. Fin des travaux en juillet. Quand on arrive à Rémalard en venant des Aubées, s’offre une belle grimpette pour gagner la place Charles de Gaulle, très en pente elle-même. Situé à 160 km de Paris, ce bourg est niché au cœur de l’ancien comté du Perche, qui dura neuf siècles et fut supprimé à la Révolution. Son relief de collines ourlées de forêts, de bocages, de mottes féodales et de rivières unifie encore cette contrée si Douce France aux nombreux manoirs et fermes aux crépis ocre, devenue en partie Parc naturel régional. « Mais c’est où le Perche ? ». Car ce pays est à cheval sur 3 régions (Basse-Normandie, Centre, Pays-de-la-Loire) et 4 départements (Orne, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Sarthe). Dans ce décor harmonieux, la place rémalardaise – un triangle de 3 793 m2 bitumés très dénivelé – détonait. Elle ressemblait à un parking, avec fleurs en potiches, sans arbres. Les usages étaient confus à ce carrefour mal délimité, entre les rues de l’Église, des Moulins, de Mortagne et Marcel Louvel. « Cela faisait des années que cette place devait être refaite, explique le maire Patrick Rodhin. Il y a eu bien des projets, tombés à l’eau. Nous sommes repartis du dernier plan, pour l’améliorer. Il fallait sécuriser cette zone de rencontres, l’aplanir, créer des circulations partagées entre piétons, voitures, vélos, la verdir, l’adapter au réchauffement climatique, et l’embellir. Pour redonner vie à ce cœur de bourg avec ses commerces essentiels. Deux bâtiments en ruine ont été détruits, on va reconstruire deux logements sociaux avec le bailleur Orne Habitat. Les travaux, qui ont commencé fin août 2022, se déroulent bien. On a de bons architectes et paysagistes. La nouvelle place devrait revivre lors du vide-grenier de juillet ». La maîtrise d’œuvre est assurée par l’IRPL du Mans (Ingénierie routière des pays de Loire), par BET VRD, bureau d’études techniques, et par Vert-Latitude, atelier créé en 1998 par le paysagiste concepteur Jean-Baptiste Flichy. « Il fallait inventer un récit, bien regarder Rémalard, explique-t-il. Ce village était traversé par l’ancien chemin royal Paris-le Mans. Il ne l’est plus. Il y avait une motte féodale. Disparue. Nous sommes loin de l’Église, de la mairie. Il fallait s’appuyer sur autre chose. L’atout de ce bourg, c’est le paysage percheron que l’on voit au loin. On a gardé son caractère rural, pour récréer une place connectée au grand paysage et y remettre la nature. Il y avait aussi une halle couverte jusqu’au XVIIIe siècle. Pour signifier sa mémoire, on a créé une partie haute bordée par un muret, délimitant 30 places de parking, et le marché. Dans la partie basse, on marque mieux la D920 qui traverse, la vitesse est réduite, la priorité est aux piétons. Chaque niveau est aplani. On a soigné les accès aux commerçants ». […] l’esplanade de Rémalard, qui compte une trentaine de pas-de-porte, est digne d’une carte postale. Sébastien Garnier Il a fallu aussi