Architecture un lieu

Quand un laboratoire devient synonyme de « bien-être »

Par Nat Lecuppre, le 22 mai 2024.
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© Nicola Gleichauf

Aujourd’hui, les espaces médicaux et les laboratoires de santé sont, en termes d’ambiance et de process réceptif, perçus comme anxiogènes : accueil peu agréable, manque de confidentialité, salles d’attente déprimantes au mobilier désuet ou agencées au strict minimum.

La première impression est loin de l’objectif premier de ces lieux et surtout des attentes de la patientèle. Les adresses médicales sont censées rassurer, être une première approche de la guérison… Le confort et la proximité sont les premiers attendus. Au lieu de cela, on devient souvent un numéro sur une liste d’attente dans un environnement peu rassurant. Le côté impersonnel accentuant le stress.

Les doctoresses Alice Dufougeray et Anne-Sophie Daubié (pharmaciennes spécialisées dans le diagnostic et le traitement des infections bactériennes) ont mené à bien la création de Bioseine, laboratoire de biologie indépendant. Pour elles, il était impératif de changer ces codes avec une préoccupation : l’accueil des patients. Fort de ce constat, elles ont fait appel à l’agence de Gérard Gaillard, tertia-sd, pour pallier le mode réceptif existant et créer un lieu où l’on se sent bien, un labo nouvelle génération porteur des valeurs de Bioseine.

tertia-sd stratégie & design d’espace s’adresse aux enseignes organisées en réseau et mène pour chaque projet une réflexion stratégique approfondie. Elle travaille en totale collaboration avec ses clients et leur insuffle au travers du design de la créativité pour obtenir au final une réalisation singulière. La vocation de tertia-sd est de créer toujours un environnement professionnel performant, accueillant et intuitif pour ses clients. La valeur d’usage est sa préoccupation première. tertia-sd s’adresse en priorité aux enseignes en repositionnement ou confrontées à une évolution de leur environnement.

Bioseine est un laboratoire qui répond à toutes les attentes du patient voire plus. Il réinvente tout le parcours patient et lui offre une expérience unique au sein du labo. Le claim Bioseine annonce bien l’ambition, « le labo réinventé ». Le parcours, le concept d’espace et le fonctionnement, tout est repensé et orienté vers l’humain (patient et collaborateur), avec un impact écologique limité (du labo zéro papier à la livraison des prélèvements à vélo).

Un parcours revisité.

Mehdi Benkhira, directeur de création de l’agence tertia-sd, est un designer d’environnements de marques, avec une véritable expertise dans l’architecture commerciale. Avec talent, il a imaginé le concept de Bioseine.

Le pré-accueil, l’enregistrement du dossier administratif, se fait en ligne avec un concept « clique & pique ». Ainsi, toutes les données pathologiques et examens souhaités sont préalablement enregistrés avant le rendez-vous physique au laboratoire. Avec deux avantages majeurs la confidentialité et l’intervention-vérification d’un biologiste avant le prélèvement.

Dès l’entrée du laboratoire, on vient à votre rencontre et on vous oriente dans les lieux.

Vous êtes attendu et accueilli. Avoir une personne aux petits soins dès l’entrée rassure, met en confiance et réduit fortement l’appréhension de l’examen.

Le comptoir d’accueil / enregistrement n’existe plus. Le patient est directement invité à patienter dans un des espaces dédiés.

Si le pré-accueil n’a pas été fait en ligne, une collaboratrice ou collaborateur du labo instruit le dossier avec le patient, des tablettes sont prévues à cet effet dans le premier espace d’attente.

Le temps d’attente est réduit et connu. Le passage en cabine de prélèvement est rapide et, dans cet espace aussi, plus aucun instrument ou prélèvement n’est visible par le patient. Tout est dissimulé pour rassurer le patient mais reste très accessible pour optimiser le travail du préleveur. Le décor et un écran participent au côté zen de la cabine.

Une architecture tout en dou­ceur et clarté.

Les lieux sont animés, épurés et simples avec une dominante de blanc et de bois clair ponctuée par des pastels qui donnent une ambiance rassurante et chaleureuse.

Le graphisme rend l’espace plus agréable et humain avec des visuels réalisés à la main ayant pour thème Paris, et plus ludique et intuitif avec une frise qui accompagne toutes les étapes du parcours.

En façade, la confidentialité réglementaire des laboratoires est respectée (avec des vitrophanies qui reprennent les mêmes visuels qu’à l’intérieur) tout en laissant deviner les aménagements chaleureux de l’accueil et des attentes. Les visuels sur le thème des « bords de Seine » qui mettent en avant la présence humaine démarrent dès la façade et accompagnent le parcours patient au sein du laboratoire.

Le mobilier, et en particulier les banquettes de la gamme Blog de chez Sesta, se veut accueillant et intemporel avec une notion de simplicité pour laisser la vedette à l’accueil humainLe confort et l’usage sont mis au cœur du projet. On s’y sent bien. Le professionnalisme et les valeurs de Bioseine s’illustrent parfaitementLe premier laboratoire, de 350 m2 avec plateau technique, a ouvert ses portes au 6, rue Rosa-Parks à Vitry-sur-Seine. Deux autres ont ouvert simultanément à Évry et Bercy.

Le nouveau concept a été très bien accueilli et l’objectif des deux créatrices est parfaitement atteint au point que certains patients qualifient cet espace « d’institut » plutôt que de « laboratoire de santé ».

Le labo réinventé laisse présager le devenir de nos espaces médicaux de demain.

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    tertia-sd

    323, rue Jean-Jaurès

    83000 Toulon

    et

    31, rue Maurice-Flandin

    69003 Lyon

    Tél. : +33 (0)6 16 80 15 47

    www.tertia-sd.com

    Numéro en cours

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    Spécial Santé, Bien-être, Bien-vivre

    Couverture du NDA Nº63

    Novembre — Décembre 2025 — Janvier 2026

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    Talents

    Ateliers Berger, laissez parler les papiers

    Par Anne-Marie Fèvre, le 8 juillet 2024
    Avec leur volonté et intuitions têtues, les Grenoblois Martin et Ariane Berger ravivent les décors muraux en papier et toile de haute facture, de manière très contemporaine. Ils se donnent le luxe et la liberté de l’art. Un petit show-room coquet et discret, avenue Franklin-Roosevelt. Aux murs, deux œuvres carrées captent le regard, l’une vibrations de jaune, l’autre myriade de noir. Elles semblent décoller de tous leurs motifs et striures qui clignotent de lumière. C’est la série Flow, des pièces artistiques uniques, dernières créations de Martin Berger. Ces parures de murs représentent le geste abouti de tout un travail de décoration murale, inventé par cet artiste-artisan, qui a fondé les Ateliers Berger avec sa femme, Ariane. Elle, tournée vers le commerce, avait plutôt une « âme d’entrepreneur ». Lui, antiquaire, avait une sensibilité plus artistique. Tous deux originaires des Alpes, lui né en 1964, elle en 1968, vont se lancer dans la décoration intérieure. Qu’ils vont expérimenter d’abord aux États-Unis, à Phœnix. Échec. Échaudés, leur retour à Grenoble est difficile. Mais début 2003, Martin relance un projet d’habillage mural. « On va réaliser des transferts d’images sur du mobilier, explique Ariane, sur des murs, sur le béton. On décore des halls d’entrée d’entreprises, à la Défense, on a quelques commandes, fragiles. Puis on travaille pour Andrée Putman, à l’ambassade du Congo. Pour Philipe Starck, on crée des plateaux de tables. Cela nous donne confiance, du courage. Cela nous éclaire sur le marché. » Mais Martin a envie de créer autrement, de ne plus travailler sur site. Et bel hasard, une usine de papier dans le bassin grenoblois leur offre l’opportunité de travailler sur ce matériau. Ainsi en 2011, Martin va démarrer un travail sur papier tissé, souple, chercher une écriture avec cette matière captatrice de lumière, vers l’abstraction. Dont des entrelacs. « Un travail pour la maison Louis Vuitton va nous permettre une recherche, poursuit Ariane, et de créer un modèle texturé à la main. On installe aussi un mural dans chaque boutiques American Vintage, c’est une formidable collaboration pendant douze ans. » L’entreprise va se développer avec les modèles de papier texturé, avec récurrence. En 2015, MLM (Matière Lumière Mouvement), installation mécanique en 24 pièces, représente les mouvements de la terre, elle est remarquée au salon Révélations au Grand Palais, à Paris. Une autre création, Marenostrum, pour le restaurant de Christophe Baquié au Castelet, prend tout son sens au cœur du domaine et aura une belle visibilité. « Notre signature est reconnue, nos œuvres engagent le papier, la lumière, le geste ample comme une chorégraphie de la matière avec le corps. » En 2017, l’agence du décorateur et ensemblier Alberto Pinto (1943–2012) fait appel à eux pour un hôtel en Azerbaïdjan ; ils parent les murs de 28 chambres en marqueterie de papier déclinée dans toutes les couleurs. « C’était une prise de risque, confie Ariane, il était difficile d’acheminer tout le matériel par camions. Mais on a réussi, aucune réserve n’a été retenue. Nous étions sur le bon chemin. » Ainsi, les Ateliers Berger vont travailler pour des maisons d’exception, telles que Louis Vuitton, Van
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    Urbanisme

    EXTRÊME TOPO, (sup)porter l’urbanité

    Par La Rédaction, le 24 juin 2024
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Van B d’UNStudio, un exemple de flexibilité

    Par Sipane Hoh, le 14 mai 2025
    À la croisée de plusieurs quartiers prisés de Munich, donnant sur l’Infanteriestrasse, le projet résidentiel Van B d’UNStudio (Ben van Berkel) se distingue par la très grande flexibilité de ses intérieurs. Optimiser l’espace, créer des liens entre extérieur et intérieur et agencer ce dernier comme une extension des espaces de vie est l’une des particularités de cette réalisation. Avec ses appartements d’une à trois pièces, ses lofts-galeries et ses habitations sur le toit, le projet résidentiel Van B achevé en 2024 par UNStudio et le promoteur Bauwerk à Munich s’adresse non seulement à l’évolution démographique et aux constellations familiales multiples, mais offre un espace de vie intérieur-extérieur, des espaces communs, des installations partagées et un nouveau système très flexible qui peut transformer un appartement de 40 m² en loft de 60 m². Plusieurs solutions et une multitude de possibilités pour un confort optimal. Avec sa forme compacte et ses lignes rigoureuses, Van B abrite 142 appartements, studios et penthouses desservis par 81 places de parking souterrain. L’ensemble se caractérise par ses baies vitrées, ses balcons, ainsi que ses potagers partagés et privés, mais aussi sa plantation sur le toit avec une vue panoramique à 360° et sa cour intérieure avec des zones de fitness et de détente, tout un panel d’astuces qui renforcent la relation intérieur-extérieur. Van B est un condensé de durabilité, le concept constitue l’expression architecturale de plusieurs idées comme l’économie de partage, la vie collective et les modes de vie inclusifs. Ainsi, les résidents peuvent profiter d’un espace de cohabitation pour travailler à domicile, participer à des réunions en ligne et utiliser un système de boîtes à colis, mais également se partager les voitures et les vélos électriques. Des stations de recharge électrique et une station de réparation de vélos se trouvent également sur place. « Le lien social est essentiel à notre bien-être. Aujourd’hui plus que jamais, nous constatons que de nombreuses personnes souhaitent et ont besoin de croiser régulièrement leur famille, leurs amis et leurs voisins. Mais avec les voisins en particulier, ces rencontres sont généralement spontanées et doivent donc être facilitées. L’architecture peut créer des cadres qui permettent aux gens de se sociabiliser, où les communautés de quartier peuvent se former et où des rencontres spontanées peuvent se produire », déclare Ben van Berkel, le fondateur d’UNStudio. Au-delà d’un simple empilement volumétrique. Van B remet en question certains codes de l’habitat moderne. De même, le concept va au-delà d’un simple empilement volumétrique et permet aux gens d’adopter un mode de vie plus flexible. De ce fait, le système insérable élaboré dans ce projet permet aux divers usagers de modifier facilement l’utilisation du même espace en quelques gestes, ce qui permet de transformer une pièce d’un bureau généreux en un salon confortable ou une chambre à coucher. Pour obtenir cette flexibilité, UNStudio a conçu, en collaboration avec Bauwerk, un système de cloisons et de meubles adaptables « basé sur des modules d’extension », installé dans tous les appartements, quelle que soit leur taille. Il s’agit d’un ensemble de neuf modules qui permettent aux résidents de reconfigurer leur appartement en fonction de leurs besoins immédiats, et d’organiser l’espace en fonction de leur programme.

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