Architecture, l'esprit du lieu

Tableau d’honneur de l’architecture monégasque

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Par Lionel Blaisse, le 16 janvier 2025.
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© Serge Demailly

Ville-État la plus dense au monde, Monaco ne doit pas vraiment sa renommée internationale à la qualité de son architecture, ses détracteurs y voyant plutôt une principauté d’opérette !

Les rares exceptions pouvant figurer à son tableau d’honneur sont dues à des architectes non monégasques et, en général, célèbres, à commencer par Charles Garnier pour l’opéra, Gio Ponti et sa tour Roccabella, Norman Foster et le Yacht Club ou encore Richard Rogers pour le One Monte-Carlo. Mais ce sont les œuvres du Français Jean-Pierre Lott qui y sont les plus nombreuses. La tour Honoria étant la plus récente.

Quinze ans de complicité.

Il y a une quinzaine d’années, Jean-Pierre Lott est abordé à l’issue d’une de ses conférences par Patrice Pastor. L’homme est à la tête de JB Pastor & Fils, une société de promotion immobilière créée sur le Rocher en 1920 s’étant depuis diversifiée comme entreprise générale locale du BTP. Il propose à l’architecte de réaliser ensemble un projet à Monaco.

Il s’agit du complexe de loisirs pour jeunes Ni Box ouvert en 2010 face à la mer sur le boulevard Louis-II à sa sortie du tunnel passant sous l’Hôtel Fairmont. Lovée dans un lacet, son architecture balnéaire immaculée s’incurve. Un immense bouclier en forme d’aileron protège phoniquement l’édifice de la circulation, l’escalier glissé dans leur interstice relie le quai au parvis de l’hôtel. Tout le vocabulaire architectonique monégasque de l’architecte parisien y est déjà : blancheur monochrome, voiles béton cintrés, pare-soleils linéaires, oculi, résilles maçonnées, vues cadrées… L’accès à l’extension maritime Mareterra en cours – pilotée par Valode & Pistre mais dont Renzo Piano signe l’emblème architectural – a nécessité sa démolition.

Va dès lors s’enchainer toute une série de réalisations résidentielles haut de gamme qu’inaugurent dès 2012 les tours siamoises Simona sur les hauteurs du boulevard du Jardin Exotique. Derrière sa très graphique résille de béton revêtue de mosaïque, une partie des 26 appartements investissant ses 27 niveaux dispose d’une piscine privative en terrasse.

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    JB Pastor & Fils

    Le Prestige

    25, chemin des Révoires

    98000 Monaco

    Tél. : +377 93 25 04 00

    www.jbpastoretfils.mc

    Jean-Pierre Lott Architecte

    31, rue Coquillère

    75001 Paris

    Tél. : +33 (0)1 44 88 94 95

    www.jplott.fr

    Retrouvez cet article dans le nda numéro 58
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    Urbanisme

    Quand la Génération Z part à la montagne

    Par Lionel Blaisse, le 27 décembre 2023
    Les services du nouveau complexe d’accueil de Mottolino Fun Mountain – l’exploitant du domaine skiable de Livigno, le « Petit Tibet italien » – ciblent les modes de consommation loisirs de la Génération Z. En prévision des JO d’hiver 2026 dont les épreuves de snowboard et de ski acrobatique se dérouleront à Livigno, l’ancienne gare de télécabine s’est métamorphosée en un innovant complexe « phygital »1. En plus des services liés au ski, on y bénéficie d’espaces dédiés au smartworking et au coworking, d’une salle de jeux vidéo de dernière génération et d’un bar restaurant inspiré de la cuisine éthique de montagne de Norbert Niederkoffer.2 Jusqu’au bout de ses rêves Depuis plusieurs années, cette station de haute montagne3 lombarde s’est équipée d’un Fun Park où pratiquer le ski de bosses ainsi qu’un Bike Park pour les amateurs de VTT l’été. Ses édiles ont aussi compris lors de la pandémie qu’une nouvelle communauté de travailleurs à la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et temps libre allait désormais se développer. Dans la foulée des générations précédentes ayant révolutionné les pratiques du ski alpin, ils prennent en main leurs conditions de travail mâtinées de loisirs. Le matin sur leur snowboard, l’après-midi connectés derrière leur ordinateur – ou inversement – puis soirée gourmande, arrosée et / ou festive, en « présentiel » ou en « télé-loisirs » ! Conçu par le studio LPS et aménagé par Progetto CMR, le nouveau siège de Mottelino Fun Mountain regroupe une multitude de fonctions et activités sous un même toit, à six pentes, et sur plusieurs niveaux desservis par l’escalator panoramique permettant de franchir les 12 m de dénivelé entre la route et le quai de départ des télécabines. Le rez-de-chaussée est entièrement dédié à la pratique sportive en hébergeant la billetterie (en bonne partie digitalisée), les écoles de ski, de snowboard, de VTT et d’escalade, la boutique que complètent un service de location de matériel très performant (été comme hiver) et sa zone de stockage des plus sophistiquée. Le 1er étage est consacré au digital, qu’il soit studieux – grâce à des espaces de coworking, avec salles de réunion modulables et équipement technologiques dernier cri – ou ludique via la Digital Cave de plus de 300 m2 destiné aux gamers en tous genres (dont des simulateurs de conduite) et amateurs de streaming. Le 2e étage accueille le Kosmo Taste the Mountain où le restaurant Livigno & AlpINN revisite de façon contemporaine et éthique l’après-ski. Cerise sur le gâteau, Livigno est une zone franche, du coup il n’y a pas de TVA ! Cette contraction des mots « physique » et « digital » désigne un point de vente physique qui inclut, dans son expérience client, tout un parcours digital. Le phygital s’inscrit dans une stratégie de marketing omnicanal. Chef sud-tyrolien triplement étoilé au Michelin pour son restaurant Noma de Copenhague, plusieurs années primé comme meilleur restaurant au monde. Village à 1836 m d’altitude mais pistes à plus de 2400 m
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    «Je vœux»

    Par Atelier Martel, le 15 juillet 2024
    Engagé·es en faveur de la création contemporaine, nous souhaitons, chez Atelier Martel, nous inscrire dans la tradition millénaire des liens entretenus entre art et architecture, et ainsi proposer un accès à l’art contemporain à tous·tes les usager·es de nos bâtiments. En effet, le lien entre art et architecture est ancré au cœur de l’histoire de l’art et des techniques. Il est également marqué par une évolution du statut de l’artiste, par une fluctuation de la porosité disciplinaire entre arts et architecture au fil du temps, et par un changement progressif des destinataires de ces œuvres conçues en contexte architectural. De la haute antiquité à l’époque contemporaine, l’histoire de l’art atteste de la constance des compagnonnages entre artistes et architectes : statues, bas-reliefs ou fresques des âges antiques, médiévaux ou renaissants, explorations modernistes et post-modernistes de l’œuvre totale ou des panneaux monumentaux, jusqu’aux développements multiformes de l’art d’aujourd’hui. Ces œuvres font corps avec les bâtiments, séquencent les parcours, jouent avec la structure, se fondent dans les modénatures, exploitent les volumes. Si le mouvement moderne des années 1940 réinterroge cette fusion des arts et la place de l’ornementation, les expérimentations artistiques urbaines récentes reviennent sur le devant de la scène et s’inscrivent pleinement dans les questionnements relatifs à la place de l’art dans ces nouvelles urbanités, et de son lien avec les habitant·es, destinataires de ces œuvres. Au cours de cette histoire occidentale des relations entre art et architecture, les agencements et conventions qui régissent les relations entre artistes et architectes ont contribué à modifier la place des destinataires de ces œuvres. Après « l’art pour les Dieux » avec des œuvres commandées par et pour des dévot·es et institutions religieuses, et après « l’art pour les Princes » qui voit la commande d’œuvres par et pour des connaisseur·euses et des puissant·es, on assiste à l’avènement de « l’art pour le marché » qui réinterroge les destinataires des œuvres mais continue de se placer du côté de certaines élites, notamment économiques (Gilles Lipovetsky et Jean Serroy). ↑HABITER ET SOIGNER À DOMMARTIN-LES-TOUL L’artiste Mayanna von Ledebur est intervenue pour la maison d’accueil spécialisé (pour épileptiques) de Dommartin-lès-Toul (2015) pour en « adoucir » les parois de béton par une matrice de coffrage – libre interprétation des inscriptions de stèles mésopotamiennes, première mention de l’épilepsie dans l’histoire écrite – et tisser une longue fresque en tapisserie de laine découpée en panneaux concourant à la signalétique et à amortir les chocs éventuels des patients. Dès lors, quelle place peut-on, en tant qu’agence d’architecture, donner aux habitant·es et usager·es des bâtiments au sein desquels sont installées les œuvres pérennes que nous concevons ? En défendant une idée de l’art pour tous·tes, qui se traduit par la volonté de permettre un accès à l’art contemporain au plus grand nombre, nous avons fait le choix de considérer les habitant·es comme les premier·es destinataires de ces œuvres nourries par notre architecture et qui la nourrissent en retour. Les œuvres que nous soutenons et réalisons ont ainsi pour raison première d’exister le lien qu’elles entretiennent avec celles et ceux qui parcourent au quotidien
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    Architecture, l'esprit du lieu

    Zoku Porte de Clichy, un hôtel sans clichés

    Par Lionel Blaisse, le 5 février 2024
    En investissant les trois derniers étages du Stream Building conçu par PCA Stream, la jeune enseigne hôtelière néerlandaise Zoku 1 apporte son tribut et sa… tribu pour requalifier la Porte de Clichy. Ses 109 mini-lofts proposent aux travailleurs nomades des entreprises désormais itinérantes un hébergement et des aménités adaptés à leurs moyens et longs séjours en leur permettant de mêler loisirs et travail tout en voyageant léger. L’opérateur était associé dès la consultation au projet lauréat sis Porte de Clichy de Réinventer Paris, aux côtés de Philippe Chiambaretta, Hines, Covivio et Topager. Un bâtiment-métabolisme « Pensé selon des logiques circulaires pour répondre aux enjeux de la ville de demain, le Stream Building est un hub relationnel et productif qui dynamisera cette nouvelle centralité du Grand Paris en concentrant toutes les activités d’une vie urbaine intense, explique Philippe Chiambaretta. Il incarne un travail de co-conception et d’intelligence collective qui bouleverse les rapports traditionnels entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage. Il a été l’occasion de relations inédites entre acteurs de la ville au sein du groupement : concept programmatique, modèle économique, traduction architecturale ayant été pensés de concert. Il en résulte une conception basée sur l’idée de métabolisme, dépassant la métaphore moderne de la machine pour celle du vivant. Le bâtiment est envisagé comme un organisme productif, qui transforme ses ressources selon des logiques circulaires de synergies entre ses espaces. » Constituant un socle actif en contact avec le quartier en mutation, son rez-de-chaussée accueille une brasserie, une sandwicherie, un bar à salade, deux épiceries et le Stream Café. Ce dernier commande avec convivialité l’accès aux cinq premiers étages de bureaux offrant des plateaux ouverts, lumineux et ultra flexibles. Les trois derniers niveaux hébergent la résidence hôtelière de nouvelle génération tandis que la toiture – exploitée par la start-up Topager, adepte de l’agrivoltaïsme – combine 400 m2 de panneaux photovoltaïques à un potager urbain de 300 m2. Afin de garantir sa réversibilité d’usage, son système constructif modulaire et évolutif repose sur une structure bois et des noyaux béton. La trame carrée unique de 3,60 m s’affichant en façade autorise une grande variété de programmes. Laissée apparente dans sa proue sur le périphérique, elle est revêtue dans les étages d’une enveloppe bioclimatique dont le traitement des baies vitrées diffère selon les orientations (double ou simple peau). Du no man’s land au nomads’ home Les global nomads ont de 25 à 40 ans, comptent plus de femmes que d’hommes, voyagent régulièrement pour affaires minimum cinq jours voire jusqu’à trois mois, sont pour la plupart issus des secteurs techniques et créatifs qu’ils y soient directeurs des ventes, responsables marketing, chefs de projets ou encore consultants. Jonglant avec les fuseaux horaires, ils ont impérativement besoin d’un wifi fiable et rapide. Pouvant travailler à n’importe quelle heure, ils n’ont pas pour autant renoncé aux loisirs et aux rencontres offerts par leurs multiples destinations. Dès 2009, Hans Meyer – cofondateur de la chaîne néerlandaise Citizen M – réalise qu’aucune offre spécifique d’hébergement ne répond aux attentes bien légitimes de cette nouvelle clientèle dont la pandémie a fait depuis exploser

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